Elles sont quatre, Meg, Jo, Beth et Amy, quatre enfants chéries de l’après Guerre de Sécession américaine, que l’on suit depuis leur jeune âge jusqu’à la fin de leur adolescence et leur passage à l’âge adulte. Un récit initiatique résolument moderne pour l’époque et qui revient sur le grand écran grâce à la réalisatrice Greta Gerwing. Elle nous propose son adaptation des Quatre Filles du Docteur March sorti au cinéma en 2019 sous le nom des Filles du docteur March.
Genre : Drame / Romance
Date de sortie : 1er janvier 2020
Créateur : Greta Gerwing
Acteurs: Emma Watson, Laura Dern, Saoirse Ronan, Florence Pugh, Meryl Streep…
Public : Tous publics
Difficile de s’attaquer à un monument comme Les Quatre Filles du docteur March (ou Little Women) en anglais.
Tiré du roman de Louisa May Alcott paru en 1868, Les Quatre Filles du docteur March a déjà eu droit à de nombreuses adaptations sur grand écran, la première sortie en… 1918 et étant alors un film muet.
On peut dire qu’en tentant à son tour de s’emparer de ce roman fondateur de la littérature américaine, Greta Gerwing (réalisatrice du film Lady Bird et actrice à la filmographie étoffée) s’est lancé un véritable défi.
De quoi ça parle ?
Dans la Nouvelle Angleterre des années 1860, on suit le quotidien et les turpitudes plus ou moins innocentes d’une famille de cinq femmes dont le père, aumônier, est parti à la guerre. Entre amourettes et rêves d’émancipation, extrême pauvreté et aspirations à une condition supérieure, Les filles du docteur March est une nouvelle adaptation du roman paru en 1868, Les Quatre Filles du docteur March.
Un casting transgénérationnel
Comment faire neuf avec du vieux sans s’aliéner les puristes du genre mais en présentant une version moderne de ces quatre filles à une nouvelle génération ? Avec le casting d’abord. Pour ce film résolument féministe même s’il n’est pas militant, Greta Gerwing a misé sur de jeunes actrices connues, capables d’incarner des personnages forts comme Jo, Meg ou Amy. Et avec Saoirse Ronan (The Grand Budapest Hotel, Lady Bird, Marie Stuart reine d’Écosse), Emma Watson (Harry Potter, La Belle et la Bête) ou encore Florence Pugh (Outlaw King, prochainement dans Black Widow), Greta Gerwing frappe un grand coup.
Mais ajouter Laura Dern (Jurrasic Park, Star Wars) et Meryl Streep, dont on ne rappelle plus l’immense filmographie, c’est véritablement permettre un passage transgénérationnel. C’est aussi proposer un fil conducteur autour de la position de la femme dans la société et de ses différentes facettes.
Notons la très belle performance de Saoirse Ronan, très convaincante dans le rôle iconique de Jo et celle, très intéressante de Florence Pugh qui arrive à donner une profondeur au rôle d’Amy qu’elle n’avait que peu dans le film de 1994. On n’oubliera pas non plus, du côté des hommes, Timothée Chalamet (Call me by your name, Le Roi). Il réussit à capter un Laurie à la fois déluré et mélancolique, charmant et savoureux.
Une réflexion féministe bien placée
Pas toujours évident non plus de parler du rôle et de la place de la femme dans la société sans tomber dans le jugement, la morale ou le féminisme exacerbé. Mais, en faisant tenir à ses héroïnes des propos francs – presque économiques – sur le mariage et les possibilités qui s’offrent aux femmes de la fin du XIXème siècle, Greta Gerwing livre finalement une belle tribune à ces jeunes filles modernes. Résolues à s’en sortir comme elles le pourront, avec leurs propres moyens et à être heureuses sans sacrifier leurs rêves.
Là aussi tante March, jouée par Meryl Streep, propose sa vision glaçante de la vie que vont finalement parvenir à dépasser les protagonistes de l’histoire.
Une trame narrative parfois confuse
Autre nouveauté pour Les filles du docteur March : sa trame narrative. Là où l’adaptation de 1994 nous proposait un film linéaire depuis l’enfance des filles jusqu’à leur passage à l’âge adulte, le métrage de Greta Gerwing entre in media res dans l’histoire. C’est ensuite par des flashbacks que l’on revient sur l’enfance des filles.
Un parti pris qui peut facilement désarçonner si l’on ne connaît pas ou peu l’histoire originale et qui, à mon sens, a tendance à désamorcer certains aspects dramatiques. Ainsi, on sait presque dès les premières minutes du film que Jo refuse la proposition en mariage de Laurie alors que la scène en question du rejet n’intervient qu’au niveau de la fin du film.
Par ailleurs, et même si toutes les scènes importantes de l’histoire sont présentes – l’histoire des citrons, les lectures chez tante March, la robe brûlée de Jo, la vengeance d’Amy – le choix de cette trame narrative consacre peu de temps à chaque scène et empêche de percevoir la profondeur de chaque personnage. On perd à mon sens l’aspect initiatique du développement du caractère des personnages – un thème pourtant prégnant chez Louisa May Alcott.
Est-ce que ça se regarde ?
En résumé, Greta Gerwing nous propose ici une version plus moderne – et peut-être un peu moins ampoulée – du célèbre roman américain. Pour qui n’aurait jamais vu la version de 1994, il s’agit sans conteste d’une adaptation très intéressante. Mais si vous aviez été conquis par la fougue de Wynona Rider dans l’ancienne version et avez toujours voulu écrire votre roman à la bougie et rêvé d’une existence romantique, alors votre cœur penchera sûrement encore pour les anciennes boucles brunes de Jo plutôt que pour sa version rousse…
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